samedi 18 février 2012

Le modèle articulaire


     Elaborer un modèle articulaire  à partir des fondements mécaniques de l’être vivant mais plus spécifiquement du genre humain peut se faire en utilisant des concepts et des outils spécifiques  à plusieurs disciplines. 
     Dans ce sens, Le Borgne et Gossard [1] ont publié un article original où ils tentent d’expliquer le modéle articulaire (MA) à travers trois points de vue mécaniques différents : la biomécanique, la mécanobiologie et la mécanotransduction. En effet, le MA est analysé selon ces paramètres très différents qui paraissent indépendants. En agissant au service de la même fonction de mobilité articulaire la ces trois disciplines deviennent complémentaires l’une de l’autre.


     Tout d’abord, en terme de biomécanique, le corps humain, constitué de plusieurs articulations, soumet ces dernières d’une part à la pesanteur terrestre et d’autre part à leurs fonctions propres. Pour simplifier, les membres supérieurs ont un rôle de préhension et les membres inférieurs ont un rôle de locomotion à travers le référentiel terrestre. Ces deux facteurs, gravitaire et fonctionnel, constituent l’essentiel des interactions qui détermineront la conception de chaque articulation. Notons que pour répondre au mieux à ces besoins, ces articulations vont évoluer au cours du temps appelé phylogénèse et aussi au cours de la vie ontogénèse. La disparition de la mobilité des vertèbres sacrées est un exemple de phylogénèse. La modification des courbures rachidiennes durant la croissance de l’enfant et l’apparition de la station debout est un exemple d’ontogénèse. Le modèle mécanique tiendrait une place prépondérante dans l’étude des articulations. Ce schéma est composé de deux segments de membres osseux considérés comme « corps rigides » et une articulation qui fait office de liaison.
        Ce modèle reste cohérent pour des articulations congruentes mais il ne l’est plus pour la « non-congruence articulaire » présenté come une hérésie pour un mécanicien. Pourtant, l’existence d’articulations non-congruentes, comme le genou constitués de tissus vivants pouvant se régénérer, représente une des spécificités du vivant. Ces structures composées de ligaments, de cartilages et de muscles assurent l’action mécanique de liaison. Elles modulent les contraintes durant le mouvement pour assurer l’intégrité et la régénération de l’articulation. Ces contraintes correspondent à la réaction à une pression qui est une force par unité de surface. Une fois la contrainte calculée à travers la résultante des forces en un point donné, il est alors possible de déterminer les déformations localisées de chaque tissu.
Ces adaptations à ces déformations font partie du domaine de la tenségrité : les variations de contraintes conditionnent les phénomènes de transformations moléculaires au sein des tissus. Il a été mis en évidence des modifications de comportement mécanique des tissus avec l’entraînement (répétition des contraintes) mais aussi avec la sédentarité (absence de mouvements).
     Cette évolution de la nature des tissus sous contraintes peut-être physiologique et bénéfique dans le phénomène de croissance et de réparation. Le processus de cicatrisation présent lors des entorses de ligaments ou de fracture osseuse ne peut être optimal que si les tissus sont soumis à une dose de contrainte. Les professionnels de rééducation doivent pouvoir évaluer la dose de contrainte nécessaire pour chaque patient.
       Cet article donne des pistes d'investigation et de réflexion intéressantes pour des novices des concepts biomécaniques. Toutefois, il apparait que l'article traite ces problématiques d'un point de vue extrinsèque. Hors les mécanismes neuromoteurs ainsi que les initiatives physiques volontaires du sujets vivant ne peuvent se résoudre qu'à une réponse à son environnement. Le sujet est la source également du reflet de son environnement par le biais de la physiologie neurologique et de ses interactions...


[1] Le Borgne P., Gossard C. Fondement mécaniques d'un modèle articulaire : biomécanique, mécanobiologie et mécanotranduction. ITBM-RBM 27 (2006) 107-116

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